Côté direction, la procédure suit son cours, et après un temps raisonnable, je reçois une lettre recommandée dans laquelle le directeur déclare ne constater aucune amélioration dans mon travail et envisager mon licenciement. A cet effet, il me convoque à l’entretien préalable au licenciement. C’est la procédure légale.
Conformément à mes droits, je me fais assister par un collègue pour cet entretien. Ce n’est pas un délégué du personnel, mais un collègue informaticien qui a de l’expérience. Mon but à ce moment est de m’assurer par sa présence « dissuasive » que le directeur n’essaiera pas de contourner la loi. Et comme les faits qui me sont reprochés ne justifient pas un licenciement, je trouve important qu’une personne neutre en soit témoin et puisse communiquer le contenu de l’entretien au reste de la boîte si quelqu’un lui demande.
Toujours conformément à la loi, le directeur clôt l’entretien en déclarant qu’il prend les 48h légales pour « réfléchir à sa décision ».
*** La semaine suivante, jour J, je suis convoquée à un autre entretien dont l’objet n’est pas précisé. Je demande à un autre collègue de m’accompagner, juste comme témoin. Cela déplaît fortement à la DRH qui essaie de me dissuader, mais je tiens bon.
Le directeur m’annonce alors qu’il va me licencier (quelle surprise), et qu’il veut discuter dès avant de la question de mon préavis. Je déclare qu’a priori je souhaite l’effectuer normalement, et il insiste lourdement en me présentant tous les avantages que cela aurait pour moi … bien sûr il devient rapidement très évident que c’est lui qui ne souhaite pas que j’effectue mon préavis.
*** Jour J+1, je suis à nouveau convoquée avec le directeur et la DRH, qui précise qu’il est « indispensable » que je vienne seule cette fois. Il s’avère qu’ils souhaitent déjà me proposer une transaction.
Je réponds que j’accepte de les écouter mais que je ne négocierai rien du tout tant que je n’aurai pas reçu ma lettre officielle de licenciement. C’est illégal de faire une transaction avant un licenciement, et je tiens à ce que tout se fasse dans les règles. Surtout que, dans ce cas précis, je ne suis pas en position de force tant que je n’ai pas reçu ma lettre … et plus je m’exprimerais, plus je risquerais de leur apporter des éléments afin de rectifier ou « blinder » leur lettre de licenciement.
Ils insistent en mettant en avant que le directeur part en vacances le lendemain. Je considère que ce n’est pas mon problème, et je reste sur ma position, en concédant seulement pour aller plus vite qu’ils me laissent une copie de la lettre de licenciement, et qu’ils me montrent le bordereau d’envoi en recommandé pour preuve. Ils ne le font pas et de mon côté, la situation reste donc en attente jusqu’au lendemain.
*** Jour J+2, re-convocation. La DRH accepte de me montrer une copie de la lettre de licenciement, mais pas de me la laisser ! Et elle n’a « pas eu le temps » de passer à la Poste pour envoyer le recommandé.
Je prends le temps de lire attentivement la lettre.
Puis je me lève pour retourner à mon bureau car le directeur se permet d’être très en retard. La DRH insiste pour que je reste et va le chercher.
A son arrivée, je demande au directeur s’il a autre chose à me communiquer par rapport à la veille. Il me dit que non, et essaie de me forcer la main pour commencer la négociation. Je tiens bon sur le fait de ne rien négocier tant que le recommandé n’a pas été envoyé, et je regagne immédiatement mon bureau.
Comme par hasard, dans la demi-heure qui suit, la DRH a eu le temps de passer à la Poste ! Incroyable, non ? Puis elle me re-convoque pour me montrer le bordereau d’envoi. Elle essaie alors de savoir ce que je pense de leur proposition. Il est déjà tard, je commence à être quelque peu agacée par leur comportement insistant, et je compte faire les choses à mon rythme. Je déclare donc qu’on verra cela la semaine suivante et tant pis si le directeur part en vacances le soir …
Ah oui, lors d'une réunion, la DRH me fait également part de mes indemnités légales de licenciement … dans la plupart des cas, cela fait 1/10e de mois de salaire par année d’ancienneté et c’est ce qu’elle me communique. Or, j’ai bien lu ma convention collective, et dans mon cas c’est 3 fois plus ! Je lui dis, elle semble surprise, j'insiste lourdement, elle finit par vérifier dans la convention et trouve (en quelques secondes seulement) la confirmation de ce que je dis, et convient qu’il y a eu erreur. Incompétence, ou malveillance ? A chacun de se faire son opinion ...
A partir de ce moment (enfin, déjà avant en fait), j’ai la conviction qu’il faut que je vérifie absolument tout et que je ne dois faire confiance à la société sur absolument aucun point.
Ce qui se confirme, car concernant les congés qui me restent, le directeur me fait plusieurs propositions pour les faire passer dans le préavis et tente de m’embrouiller avec les périodes de carence des Assedic. De mon côté, tout est clair (heureusement je me suis renseignée sur la question avant) : la boîte me paie mes congés restants normalement à la fin de mon préavis, comme prévu par la loi ; quant au délai de carence des Assedic il ne me gêne pas puisque j’aurai l’argent de mes congés non pris pendant la carence ... Il ne manquerait plus que je fasse cadeau à la société des jours de congé que j'ai accumulés (car une fois décryptée, la proposition du directeur revient à cela) !