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Mon licenciement et moi

28 août 2007

Bienvenue !

Bonjour, et bienvenue sur le blog de mon licenciement !

Le but de ce blog est d’aider les personnes qui sont en situation de licenciement, ou en difficulté professionnelle (ou seulement curieuses) à comprendre, à travers mon exemple, d’une part comment on peut en arriver à ce point de non-retour, et d’autre part comment on peut s’en sortir tout en restant gagnant sur tous les plans.

J’y décris les tactiques utilisées par mon employeur pour parvenir au licenciement, ainsi que les étapes et raisons qui ont précédé cette décision, puis comment s’est déroulée la transaction … et comment j’ai choisi de la vivre.

Comme il existe déjà beaucoup de sites Internet très bien écrits dédiés au licenciement et aux problèmes dans le cadre du travail, j’aborderai volontairement tous ces points sous l’angle de mon vécu et de mes ressentis.

Je pense que ce récit pourra être utile également à ceux ou celles qui pensent être victimes de harcèlement ou de discrimination dans le cadre de leur travail.

Ce récit est aussi (égoïstement) une manière pour moi de tourner la page avec ce job.

Je mets tout de suite fin au suspense en révélant le dénouement de l’histoire : ce licenciement s’est terminé par une transaction. Je me suis engagée, par cette transaction, à ne pas publier de propos pouvant porter tort à la société qui m’employait. Je vais donc taire le nom de cette société, ainsi que le mien (sinon ce serait un moyen plutôt facile de la retrouver). Croyez bien que c’est à mon grand regret !

Je vais seulement vous révéler, afin de situer le contexte, que je suis informaticienne et qu’il s’agit d’une entreprise française dans le domaine logiciel.

Pour des raisons similaires, et surtout par respect pour les personnes qui m’ont apporté leur soutien avant et pendant mon licenciement, je ne citerai pas les noms des collègues que je serai amenée à mentionner.

Je commencerai mon récit par un bref descriptif de mon parcours dans la société, puis je décrirai de quelle façon les ennuis ont commencé, comment s’est déroulé mon licenciement, et enfin comment s’est négociée ma transaction de départ.

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28 août 2007

1 – Avertissement

Attention, le but de ce blog n’est pas de donner des conseils juridiques (même si je mentionnerai certains points légaux dans mon récit). Je ne suis pas juriste et n’ai aucune prétention de détenir une quelconque vérité en la matière.

Pour ceux qui sont en situation d’urgence, je vous invite à consulter en premier lieu des spécialistes, ou d’autres sites Internet dédiés à ce sujet. J’ai personnellement trouvé des tas de conseils fort utiles sur http://www.licenciement.net et http://licenciement.aidezmoi.net, entre autres.

28 août 2007

2 – Mes débuts dans la société

Je suis embauchée dans cette société à la sortie de l’université, d’abord en CDD pendant un an et demi, comme pratiquement tous les employés. Mon salaire de départ est inférieur à celui de mes collègues car je n’ai pas fait d’école d’ingénieur. Certains diront que c’est aussi parce que je suis une fille, mais personnellement je ne pense pas que ce paramètre soit rentré en ligne de compte.

Puis, mon travail étant correct, à ma demande mon salaire rattrape petit à petit celui de mes collègues, mais pas franchement. En parallèle, j’arrive à la fin de ma période de CDD, et se pose la question de mon renouvellement en CDI, point sur lequel je n’arrive pas à avoir de réponse précise de la direction. C’est à la suite d’une proposition d’embauche par une autre société à un salaire supérieur, que la direction prend la décision de réellement aligner correctement mon salaire pour me garder.

Côté humain, dès mes débuts, je constate des soucis de communication et d’organisation entre les divers services de la société.

De plus, j’ai l’impression qu’il y a des notions de « clan » dans la société. Un des responsables en informatique en particulier, semble protéger les membres de son clan même quand ceux-ci ont tort, et se montrer exagérément critique envers les défauts des personnes faisant partie d’un autre clan ... Je suis plutôt d’une nature indépendante, et je prends alors le parti de continuer à travailler sans m’occuper de cela, et de continuer à fréquenter en-dehors du travail les personnes avec qui j’ai des affinités personnelles.

Globalement, les premières années, mon parcours se passe avec des hauts et des bas, mais relativement bien, j’apprécie mes différents responsables et ce que je fais m’intéresse. Plusieurs fois, on demande aux équipes des heures supplémentaires pour terminer un projet mal évalué, mais comme ces heures sont rémunérées, cela ne me dérange pas outre mesure d’en faire.

28 août 2007

3 – Les ennuis commencent

Puis arrive un projet trop ambitieux où toute l’équipe se trouve en difficulté, et la direction nous annonce que les heures supplémentaires ne sont pas payées, mais que l’investissement de chacun sera pris en compte à travers un système de primes. Donc, officiellement, personne ne nous demande de faire des heures supplémentaires. Mais il faut « s’investir » … oui mais concrètement, comment ? Impossible d’avoir une réponse officielle claire sur ce qu’on attend de nous.

Comme un malheur n’arrive jamais seul (les informaticiens reconnaîtront la loi de Murphy), je suis sous la responsabilité d’un nouveau chef qui, je vais vite m’en rendre compte, se comporte de manière particulièrement stressée et angoissée, cherchant à tout contrôler. Et pas de chance, au bout de quelques mois, je me retrouve dans son collimateur, avec quelques autres « heureux élus ».

Pourquoi dans le collimateur ? Officiellement, j’ai eu le malheur de commettre un bug … et il n’a plus confiance en moi. Oui mais des bugs, tout le monde en fait … Mon interprétation, c’est plutôt que ce monsieur s’est senti en danger au moment où je l’ai remplacé, et où son supérieur s’est déclaré content de moi (ça passait bien mieux sur le plan humain) et m’a proposé de prendre des responsabilités sur un prochain projet.

Bon, dans la pratique, au début, j’essaie de me montrer compréhensive, et de garder la motivation. Mais plusieurs événements viennent à bout de mon entrain …

- sur une tâche sur laquelle je me suis particulièrement investie, je suis notée bien mais sans plus. Lorsque j’insiste pour savoir ce que j’aurais dû faire de plus afin d’avoir une note encore meilleure, ce chef ne peut me citer aucun fait précis et finit par me dire que c’est subjectif.

- les bugs que je fais sont considérés comme catastrophiques, alors que des bugs de gravité similaire faits par d’autres collègues « font partie du processus de développement ».

- j’entends des rumeurs selon lesquelles ce chef me reproche de partir à l’heure le soir … mais ne tient pas compte du fait que j’arrive très tôt le matin.

- selon d’autres rumeurs, il me casse auprès d’autres personnes (très courageux, quand je ne suis pas là pour me défendre). D’ailleurs cela est tout à fait plausible, puisque je le vois critiquer des absents devant moi et d’autres … Et souvent il s'y prend de manière à ne pas être incriminé : en paroles il suggère plus qu’il n’attaque directement quelqu'un. Ou alors il lève les yeux au ciel, ou hausse les épaules en parlant d’une personne ...

- en fin de projet, à mon évaluation j’ai une note moyenne mais correcte. Seulement il me fait tout un tas de reproches sur des choses qu’il aurait aimé que je fasse différemment plusieurs mois plus tôt … il aurait mieux valu me le dire à ce moment-là, afin que je rectifie le tir de suite, non ? On dirait qu’il préfère me laisser « m’enfoncer » exprès …

Petite anecdote : durant cette période, je viens un samedi après-midi pour finir un travail (je rappelle que les heures supplémentaires ne sont pas payées). A 17h, je suis sur le point de partir, et ce chef me demande de rester pour corriger un autre problème. Ayant un rendez-vous, je refuse et lui propose de m’en occuper le lundi. Il ne veut rien entendre, me fait la morale vingt minutes pour me forcer à rester, ce qu’évidemment je continue à refuser … Puis je reste perplexe lorsqu’il me souhaite soudainement une bonne soirée ! Hé oui, son chef à lui est en train d’arriver et peut entendre notre conversation ; il faut donc sauver la face …

Rétrospectivement, je crois que là où j’ai eu tort à l’époque, c’est de prendre tout ça trop personnellement. Toutes les tentatives que j’ai faites pour parler franchement avec ce chef, j’en suis sortie avec l’impression qu’on avait progressé et qu’on s’était compris, mais son attitude n’a pas changé d’un iota au quotidien. Et après coup, en discutant avec d’autres personnes de l’équipe, je me suis rendue compte qu’il agissait avec moi exactement comme avec beaucoup de personnes.

Bref, fin de projet et cerise sur le gâteau : c’est la note d’évaluation qui permet de déterminer la prime finale … et le patron de la boîte décide de baisser ma note (je me demande bien sur les conseils de qui …), parce qu’il a un budget global et que me donner moins lui permet de pouvoir donner plus à d’autres personnes ! A titre de comparaison, les primes vont à ma connaissance de 500€ à 25000€, et je suis plutôt vers le bas de la fourchette.

28 août 2007

4 – La suite

Puis, les projets s’enchaînent et je travaille alors avec des responsables différents dont le profil est beaucoup plus « humain ». Ces personnes savent juger mon travail avec justice, me dire franchement sur quoi je peux m’améliorer et reconnaître mes réussites. Je retrouve ma motivation.

Pas de chance, aux évaluations annuelles, les bonnes évaluations données par mes nouveaux responsables, sont systématiquement descendues. Ceci parce que mon ancien chef se permet de mettre son grain de sel, et que la direction a la faiblesse de tolérer son avis, même sans fait précis à l’appui.

A ce moment, je prends déjà conseil auprès d’autres personnes, notamment auprès des syndicats. Je n’ai pas la carte du syndicat, mais je suis reçue très aimablement, écoutée, et je repars avec une vue plus claire de ce que je peux faire. En résumé, le harcèlement étant difficile à prouver, ma seule option sérieuse est de poursuivre la boîte pour discrimination si je le souhaite. Je décide de ne pas le faire pour le moment.

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28 août 2007

5 – Le licenciement démarre

Mon parcours se poursuit pendant encore deux ans à ce rythme, avec en plus un deuxième responsable qui m’a dans son collimateur … rappelez-vous, c’est celui sur lequel j’avais eu une mauvaise impression dès mes débuts dans la société (comme quoi, il faut écouter son intuition). Il se trouve que pendant toute ma carrière dans la société, je ne l’ai jamais vu autrement qu’en train de critiquer quelqu’un, manipuler son entourage (toujours le fameux « diviser pour mieux régner »), et s’arranger pour toujours avoir quelques boucs émissaires (qui ont fini par partir ou se faire licencier), afin de rejeter sur eux la responsabilité de la mauvaise marche des projets et faire oublier ses propres erreurs.

Pas de chance, tous mes autres responsables avec qui cela se passait bien, ont été soit mutés, soit rétrogradés comme développeurs, soit trop mous pour me défendre.

Et donc, au bout de tout ce temps, force est de constater que j’ai résisté à la pression psychologique mise en œuvre, et que je n’ai pas démissionné. La direction passe donc à la vitesse supérieure, elle-même dirigée par ces deux chefs en informatique.

Je me retrouve à nouveau dans l’équipe du chef m’ayant dans son collimateur, et il me donne la plus mauvaise note possible sur une évaluation, en mettant en avant des justifications pour le moins douteuses. J’en parle à mes proches collègues, qui se disent scandalisés par l’injustice de ce qui m’est reproché … ceci dit, certains étant également victimes de ce même chef ne sont pas surpris.

Ah oui, il faut ajouter à cela le fait que notre directeur a changé depuis peu. Pour situer le personnage, il paraît que ses anciens employés, dans une autre société, ont fait la fête lorsqu’il est parti. Je n’ai pas encore eu affaire à lui directement, mais il a réussi à se mettre à dos une bonne moitié de la société (en se montrant très critique et injuste, en demandant des heures supplémentaires excessives). De plus, il semble raisonner exagérément en gestionnaire, et juger les gens exclusivement à ce qu’ils coûtent et aux heures supplémentaires qu’ils sont prêts à effectuer gratuitement. Forcément, avec mon salaire élevé, et étant donné le fait que je parte à l’heure le soir, j’ai le profil idéal du développeur à virer. Argument largement mis en avant par les chefs qui veulent me faire dégager, afin de manipuler ce directeur.

Je reçois donc deux lettres recommandées du directeur, qui reprend les reproches faits dans l’évaluation et, dans sa grande mansuétude, m’accorde une dernière chance pour prouver mes efforts.

A ce moment-là, je suis persuadée qu’il a déjà pris la décision de me licencier (et cela m’est confirmé par quelques personnes bien informées). En m’envoyant ces avertissements, le directeur ne cherche pas à me faire progresser et me remotiver, malgré les apparences qu'il cherche à montrer ; mais tout simplement il se constitue un dossier en vue d’une éventuelle procédure aux Prud’hommes.

Je fais donc de même en envoyant un recommandé où je conteste tous les faits reprochés. Moi aussi, je constitue mon dossier juridique ; c’est dans mon intérêt (et je conseille à tous ceux qui reçoivent des avertissements d’en faire autant, surtout si ces avertissements sont manifestement de mauvaise foi).

28 août 2007

6 – Ma stratégie : communiquer !

A partir de ce moment, je passe à la vitesse supérieure et prends conseil auprès du maximum de personnes. Il faut être lucide, la direction n’en est pas à son premier licenciement, moi si. J’ai donc tout intérêt à me faire aider et à recueillir le maximum de conseils.

Je parle donc de mon cas avec :

- un avocat, qui me conseille d’imprimer et de sauvegarder immédiatement tous les documents qui pourraient m’être utiles aux Prud’hommes, dans l’éventualité où le directeur décide une mise à pied.

- le conseiller des syndicats, qui me raconte comment cela se passe ailleurs, et insiste sur le fait que, malgré les particularités de chaque boîte, le processus est toujours pareil.

- ma copine Maryse, qui pour avoir travaillé à proximité des DRH dans une prestigieuse boîte française, connaît bien leurs méthodes et leur mentalité.

- mes collègues, dont certains m’envoient des évaluations négatives (et honnêtes, je précise) sur le chef qui s’attaque à moi, autant d’eau à mon moulin si j’engage une procédure.

En fait, la direction s’attend à ce que je sois « morte de honte » devant tout ce qui m’est reproché, et que j’adopte un profil bas. Erreur de leur part, car si à une époque j’ai pu douter de moi-même (c’est exactement ce que recherchent les harceleurs), c’est maintenant terminé. Ce qui m’est reproché est faux ou excessif, mes collègues me le confirment. Je me sens donc dans mon bon droit et je m’ouvre de mes ennuis au maximum de personnes, stratégie qui s’avère très vite payante !

D’une part, je reçois des soutiens de toutes sortes (documents utilisables pour une procédure, encouragements, soutien moral …), parfois inattendus mais toujours bienvenus. Soyons clairs, bien entendu certains collègues se moquent pas mal de mon cas, mais à côté de ça j’ai trouvé beaucoup de personnes prêtes à faire ce qu’elles pouvaient pour m’aider, et/ou souhaitant agir en accord avec leurs principes de justice.

D’autre part, mes confidences en suscitent d’autres … Ainsi, les informations que je récolte me permettront d’aider d’autres collègues et d'avoir plein d'informations.

Ce qui est excellent, c'est que j'ai reçu de l'aide de la part de collègues qui s'étaient montrés très critiques envers moi à une certaine époque, en partie manipulés par un des harceleurs (ben oui, pour le harceleur, tant qu'à avoir un bouc émissaire, autant forcer plein de monde à avoir le même, histoire de se sentir dans son bon droit ... et pour ceux qui critiquent, c'est tout bénéf, tant qu'il y a un autre bouc émissaire ça évite le risque de se retrouver à sa place, et aussi de trop se remettre en question !) Bref, si à une époque j'ai pu douter de leur intégrité et de leur sens humain (car ils ont critiqué excessivement sans chercher à connaître ma version des faits), je sais aussi que certains ont changé d'avis sur mon compte ... et ce sans que je fasse quoi que ce soit de particulier ! Comme quoi, la justice et la vérité triomphent toujours un jour ou l'autre (oui oui, je sais, je suis du signe de la balance).

28 août 2007

7 – L’entretien de licenciement et la suite du processus

Côté direction, la procédure suit son cours, et après un temps raisonnable, je reçois une lettre recommandée dans laquelle le directeur déclare ne constater aucune amélioration dans mon travail et envisager mon licenciement. A cet effet, il me convoque à l’entretien préalable au licenciement. C’est la procédure légale.

Conformément à mes droits, je me fais assister par un collègue pour cet entretien. Ce n’est pas un délégué du personnel, mais un collègue informaticien qui a de l’expérience. Mon but à ce moment est de m’assurer par sa présence « dissuasive » que le directeur n’essaiera pas de contourner la loi. Et comme les faits qui me sont reprochés ne justifient pas un licenciement, je trouve important qu’une personne neutre en soit témoin et puisse communiquer le contenu de l’entretien au reste de la boîte si quelqu’un lui demande.

Toujours conformément à la loi, le directeur clôt l’entretien en déclarant qu’il prend les 48h légales pour « réfléchir à sa décision ».

*** La semaine suivante, jour J, je suis convoquée à un autre entretien dont l’objet n’est pas précisé. Je demande à un autre collègue de m’accompagner, juste comme témoin. Cela déplaît fortement à la DRH qui essaie de me dissuader, mais je tiens bon.

Le directeur m’annonce alors qu’il va me licencier (quelle surprise), et qu’il veut discuter dès avant de la question de mon préavis. Je déclare qu’a priori je souhaite l’effectuer normalement, et il insiste lourdement en me présentant tous les avantages que cela aurait pour moi … bien sûr il devient rapidement très évident que c’est lui qui ne souhaite pas que j’effectue mon préavis.

*** Jour J+1, je suis à nouveau convoquée avec le directeur et la DRH, qui précise qu’il est « indispensable » que je vienne seule cette fois. Il s’avère qu’ils souhaitent déjà me proposer une transaction.

Je réponds que j’accepte de les écouter mais que je ne négocierai rien du tout tant que je n’aurai pas reçu ma lettre officielle de licenciement. C’est illégal de faire une transaction avant un licenciement, et je tiens à ce que tout se fasse dans les règles. Surtout que, dans ce cas précis, je ne suis pas en position de force tant que je n’ai pas reçu ma lettre … et plus je m’exprimerais, plus je risquerais de leur apporter des éléments afin de rectifier ou « blinder » leur lettre de licenciement.

Ils insistent en mettant en avant que le directeur part en vacances le lendemain. Je considère que ce n’est pas mon problème, et je reste sur ma position, en concédant seulement pour aller plus vite qu’ils me laissent une copie de la lettre de licenciement, et qu’ils me montrent le bordereau d’envoi en recommandé pour preuve. Ils ne le font pas et de mon côté, la situation reste donc en attente jusqu’au lendemain.

*** Jour J+2, re-convocation. La DRH accepte de me montrer une copie de la lettre de licenciement, mais pas de me la laisser ! Et elle n’a « pas eu le temps » de passer à la Poste pour envoyer le recommandé.

Je prends le temps de lire attentivement la lettre.

Puis je me lève pour retourner à mon bureau car le directeur se permet d’être très en retard. La DRH insiste pour que je reste et va le chercher.

A son arrivée, je demande au directeur s’il a autre chose à me communiquer par rapport à la veille. Il me dit que non, et essaie de me forcer la main pour commencer la négociation. Je tiens bon sur le fait de ne rien négocier tant que le recommandé n’a pas été envoyé, et je regagne immédiatement mon bureau.

Comme par hasard, dans la demi-heure qui suit, la DRH a eu le temps de passer à la Poste ! Incroyable, non ? Puis elle me re-convoque pour me montrer le bordereau d’envoi. Elle essaie alors de savoir ce que je pense de leur proposition. Il est déjà tard, je commence à être quelque peu agacée par leur comportement insistant, et je compte faire les choses à mon rythme. Je déclare donc qu’on verra cela la semaine suivante et tant pis si le directeur part en vacances le soir …

Ah oui, lors d'une réunion, la DRH me fait également part de mes indemnités légales de licenciement … dans la plupart des cas, cela fait 1/10e de mois de salaire par année d’ancienneté et c’est ce qu’elle me communique. Or, j’ai bien lu ma convention collective, et dans mon cas c’est 3 fois plus ! Je lui dis, elle semble surprise, j'insiste lourdement, elle finit par vérifier dans la convention et trouve (en quelques secondes seulement) la confirmation de ce que je dis, et convient qu’il y a eu erreur. Incompétence, ou malveillance ? A chacun de se faire son opinion ...

A partir de ce moment (enfin, déjà avant en fait), j’ai la conviction qu’il faut que je vérifie absolument tout et que je ne dois faire confiance à la société sur absolument aucun point.

Ce qui se confirme, car concernant les congés qui me restent, le directeur me fait plusieurs propositions pour les faire passer dans le préavis et tente de m’embrouiller avec les périodes de carence des Assedic. De mon côté, tout est clair (heureusement je me suis renseignée sur la question avant) : la boîte me paie mes congés restants normalement à la fin de mon préavis, comme prévu par la loi ; quant au délai de carence des Assedic il ne me gêne pas puisque j’aurai l’argent de mes congés non pris pendant la carence ... Il ne manquerait plus que je fasse cadeau à la société des jours de congé que j'ai accumulés (car une fois décryptée, la proposition du directeur revient à cela) !

28 août 2007

8 – La lettre de licenciement

Si si, ça mérite un paragraphe.

Pendant l’entretien préalable au licenciement, le directeur m’avait reproché quatre points. Deux de ces points étaient déjà dans ses avertissements préalables, et j’avais déjà apporté les éléments de contestation correspondants dans ma réponse en recommandé. Pour les deux autres, il s’agissait pour lui d’une « impression » et d’un « sentiment » (je cite), qu’il n’est pas arrivé à justifier de manière convaincante. Ces deux derniers points ont donc disparu de la lettre de licenciement.

Par contre, comme le reste devait lui sembler un peu léger, il a rajouté deux « faits » dans la lettre. C’est complètement illégal, car d’après la loi il aurait dû me mentionner ces faits lors de l’entretien préalable, ce qu’il n’a pas fait, et mon témoin peut l’attester. D'ailleurs, si vous vous faites licencier, pensez à REDIGER UN COMPTE-RENDU de l'entretien préalable, et faites-le SIGNER par votre témoin, même si votre directeur refuse de le signer. Ca évitera qu'il rajoute n'importe quoi dans la lettre, et s'il le fait quand même il sera en irrégularité aux Prud'hommes.

Bref, il faut quand même que je mentionne ces deux faits car cela vaut le détour …

- il paraît que j’ai mis deux fois plus de temps que prévu sur une tâche récente. Or, j’ai dû interrompre cette tâche pour faire autre chose de plus urgent … et le temps effectif que j’ai passé sur la tâche est donc conforme au temps prévu. Afin d’assurer mes arrières, je demande immédiatement à un collègue d’imprimer le document qui prouve ma bonne foi et de le signer (on ne sait jamais, ce document est sur un serveur et pourrait vite disparaître … je sais je suis parano, et j’ai bien raison).

- 2e fait qui fera beaucoup rire les informaticiens, et a d’ailleurs bien amusé mes collègues : il paraît que je ne sais pas utiliser les points d’arrêt conditionnels ! Pas très crédible, étant donné le nombre d’années de ma carrière, et toutes les tâches de debug que j’ai effectuées …

Bref, ces deux « faits » ont au moins le mérite de me conforter encore plus sur mes compétences : si mes ennemis en sont réduits à de telles mesquineries, et qu’ils n’ont rien trouvé d’autre contre moi, c’est que je dois vraiment être irréprochable !

28 août 2007

9 – La transaction

Déroulement de la transaction ... là encore, j'ai imposé mon rythme. Chaque chose en son temps, une chose à la fois, et on ne mélange pas tout.

*** Semaine suivante, réunion numéro 1.

Je propose à la DRH de négocier les points un par un, et de valider chaque point avant de passer au suivant. Je pense que c’est mieux afin d’éviter toute embrouille.

Je propose de commencer la transaction par ma demande de DIF. Car oui, en préavis de licenciement, l’entreprise doit accepter de payer la formation demandée dans la limite des heures de DIF accumulées, ou reverser le montant correspondant à un organisme pour que le salarié puisse faire la formation plus tard. Globalement, je connais mes droits, ça se voit, et la proposition est donc vite acceptée.

Puis j’aborde le sujet des heures de recherche d’emploi pendant le temps de travail (2 heures par jour). La DRH ne souhaitant pas que je parte 2h plus tôt chaque jour (je suis certaine que c'est parce que cela susciterait des questions parmi les autres salariés, car cela l'irrite déjà que je parle beaucoup de mon licenciement au reste de la boîte), nous nous mettons d'accord sur l'arrangement que je prenne un jour par semaine à la place.

Nous abordons ensuite le sujet de la transaction (le chèque pour que je n’aille pas aux Prud’hommes, quoi). Leur première proposition est bien sûr trop faible.

*** Réunion numéro 2.

On règle les détails du DIF.

Pour la transaction, je révèle mes prétentions et on remonte déjà d’un mois de salaire.

D’autre part, la DRH se déclare encore extrêmement contrariée de ma communicativité débordante au sujet de mon licenciement. Elle pense que ce serait « mieux pour moi » si j’étais plus discrète. Or, bien sûr, ce serait mieux pour elle et pas pour moi … Je finis par lui faire dire qu’elle est contrariée car selon elle cela génère des rumeurs. Ce à quoi je lui réponds : justement, tant que je suis là, les gens peuvent venir me parler directement, donc cela évitera les rumeurs !

Et aussi, le fait que j’aie exposé au grand jour le contenu de ma lettre de licenciement lui déplaît … Forcément, étant donné son contenu, mes collègues se sont constitué une mauvaise opinion des managers et de la direction … (en même temps, ben ... ils l'ont bien cherché).

Je reste donc sur ma position, que cela lui plaise ou non. Mais le fait est que, par conséquent, la DRH se montre vraiment très pressée de se débarrasser de moi afin de limiter les dégâts, et envisage une dispense de préavis d’urgence !

*** Réunion numéro 3.

On monte encore un peu le montant de la transaction.

A ma demande, la DRH me fournit le modèle écrit de la transaction. Je note quelques erreurs. Je demande des explications sur un point juridique que je ne comprends pas, et la DRH est incapable de me l’expliquer (elle ne fait que transmettre ce qu’a écrit un autre service … je trouve que ce serait plus professionnel de sa part de se tenir au courant au lieu de faire suivre sans rien comprendre). Je demande de changer deux autres points, et elle se montre réticente.

*** Réunion numéro 4 : par entretien téléphonique.

On finit par se mettre d’accord sur une transaction, et de mon côté j’accepte de demander à être dispensée de préavis.

Alors tout est réglé, seulement voilà, le directeur est en vacances et ne peut pas signer la transaction. La DRH voudrait donc que je signe tout, et que j’attende une semaine son retour pour avoir mes exemplaires des papiers ! Incroyable !!! Si j’acceptais, la boîte pourrait me poursuivre pour abandon de poste et je n’aurais rien pour prouver ma bonne foi.

Alors là je me mets en colère, et lui signifie que je ne partirai pas sans garantie. Soit elle se débrouille pour trouver une solution, soit je ne signe pas. On décale donc la date de mon départ au retour du directeur …

Dernier détail : ayant fait des concessions sur mon chèque de départ, je demande à récupérer en plus un avantage en nature : un écran plat qui a déjà servi. Ca me rendrait bien service, et je me dis qu’avec l’amortissement du matériel ça ne coûtera presque rien à la société. Je fais donc ma demande à la DRH qui me répond qu’avec l’amortissement ça me coûterait 200€. J’insiste pour l’avoir « cadeau » mais rien à faire (donc je laisse tomber, pour ce prix-là je peux en avoir un mieux et neuf) !

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